Quelles sont les étapes de fabrication d’une toile de lin ?

Le lin est une plante qui est cultivée dans les régions tempérées et humides pour sa fibre contenue dans sa tige.

En Europe, les zones de culture se situent sur le littoral de la mer Baltique, de la mer du Nord et de la Manche. 

En France, la culture du lin s’étend de la Normandie aux Hauts de France.

Depuis peu, sa culture est relancée en Bretagne, terre historique de culture du lin.

La France est le 1er premier producteur européen et mondial.

Le lin est une des rares fibres textiles végétales cultivées en France.

1ère étape - LE SEMIS

Le lin est semé au printemps, entre le 15 mars et le 15 avril. 

      

100 jours plus tard, selon les conditions climatiques il peut atteindre jusqu’à 1,20m de hauteur. 

Un climat doux et humide avec des précipitations bien réparties sur l’ensemble du cycle végétatif est idéal.

Le lin est une des cultures qui utilise le moins de produits phytosanitaires et qui ne nécessite pas d'irrigation, l'eau de pluie lui suffit. 

Afin d’éviter tout risque d’épuisement des sols et de prolifération de maladies, le lin textile est implanté tous les 6 à 7 ans sur la même parcelle.

2ème étape- LA FLORAISON

Autour du 15 juin, les champs de lin se parent d’une jolie couleur : des tiges vert tendre et des fleurs bleutées.

La fleur est bleue, parfois blanche selon la variété. Elle éclot le matin et fane en fin de matinée.

Mais toutes les fleurs d’un champ ne s’épanouissent pas le même jour, de ce fait le paysage reste vert et bleu pendant plusieurs semaines et ondule au gré du vent.

A l'étape de la floraison, les tiges de lin atteignent leur longueur définitive. 

Au cours des 15 jours suivant la floraison, les capsules contenant les graines vont se former. 

« Une fleur éphémère pour une fibre éternelle »   

 

3ème étape - L’ARRACHAGE

Le lin arrive à maturité environ 5 semaines après la floraison, en juillet.

La tige jaunit, les feuilles tombent sur la partie inférieure, les capsules brunissent ou restent jaunes. 

C’est une particularité de la culture de lin, le lin est arraché et non coupé, car la fibre s’étend sur toute la tige jusqu’aux racines. 

Cette opération nécessite des machines spécialement conçues pour cette plante. 

Les tiges de lin sont alors déposées au sol en rangées d’épaisseur régulières (les andains).  

4ème étape - LE ROUISSAGE

Cette opération s’effectue naturellement par l’action de l’alternance du soleil et de la pluie.

Pendant plusieurs semaines en août et septembre – la durée dépend des conditions climatiques - l’enveloppe ligneuse des tiges de lin va lentement se décomposer sous l’action de micro-organismes présents sur le sol. 

C’est ce que l’on appelle le rouissage qui a pour objectif de faciliter l’extraction des fibres de lin.  

Pendant le rouissage, les liniculteurs vont retourner le lin au moins une fois pour obtenir un résultat homogène. 

Les liniculteurs vont également, pendant cette période, procéder à l’opération d’écapsulage qui permet de récolter les graines contenues dans les capsules.

C’est une opération délicate car les fibres ne doivent pas être endommagées lors de cette opération et elle est nécessaire pour récupérer les graines de lin qui serviront de semence pour l’année suivante ou seront exploitées (huile, aliments…). 

Enfin, lorsque les tiges de lin sont suffisamment rouies, elles sont enroulées sous forme de balles.

La particularité de ces balles est que 2 ficelles ont été placées sur l’andain avant enroulage, pour faciliter le déroulage pendant la phase de teillage. 

Autrefois en Bretagne, le rouissage du lin était réalisé dans des routoirs : sorte de réservoirs en pierres alimentés par un cours d’eau ou une source.

On y déposait les gerbes de lin jusqu’à ce que le rouissage soit optimum. 

5ème étape - LE TEILLAGE

Le teillage consiste à séparer la fibre contenue dans l’enveloppe externe, de la partie ligneuse (bois) présente au centre de la tige de lin.

Cette étape est réalisée par une action mécanique dans une usine de teillage :

les balles de pailles de lin sont déroulées, puis les tiges sont étalées pour être parallélisées.

Sous l’œil attentif du teilleur, les tiges forment une nappe de plus en plus fine qui est battue par des cylindres crantés ce qui permet de séparer toutes les composantes de la tige de lin. 

A la fin de l’opération, toutes les parties de la tige de lin sont récupérées pour être valorisées : 

Les fibres longues ou filasse qui représentent 15 à 25% de la tige sont destinées essentiellement à l’industrie textile 

 

Les fibres courtes ou étoupes sont utilisées dans différentes industries (papeterie, construction, fabrication de matériaux composites…)

 

Le bois de la tige ou anas est employé pour la fabrication de panneaux de particules, d’isolants, comme litière pour les animaux ou comme paillage dans les jardins et de plus en plus à des fins énergétiques 

La poussière peut également être transformée en biogaz ou être utilisée pour l’assèchement du fumier

Autrefois, le teillage était réalisé avec une braie manuelle qui broyait les tiges de lin.

Les étapes décrites ci-dessous concernent le secteur du textile.

Le lin teillé peut avoir d’autres débouchés dans l’industrie automobile, l’aéronautique ou la construction.

6ème étape - LE PEIGNAGE

L’étape du peignage permet d’éliminer les dernières pailles pouvant subsister à l’issue du teillage.

Les fibre de lin sont triées, assemblées et parallélisées pour obtenir un ruban homogène comparable à une chevelure.

 

Autrefois, le peignage était réalisé manuellement en fouettant le lin teillé sur des peignes composés de tiges métalliques.

7ème étape- LA FILATURE

L’étape de la filature consiste en différentes opérations qui permettent de transformer les fibres de lin en fil.

Le ruban de fibres de lin obtenu après peignage est régularisé et étiré, il devient mèche et est ensuite filé en appliquant une torsion. 

Il existe plusieurs techniques de filature qui varient selon le type de fil à produire : 

 La filature « au mouillé » utilise les fibres les plus longues :

La mèche sèche subit une légère torsion puis elle est trempée dans une eau chauffée à 60/70°C pour améliorer la divisibilité.

La mèche encore humide est étirée en continue jusqu’à obtenir la finesse souhaitée.

Cette technique permet de créer des fils de lin très fins pour la fabrication de tissus destinés à la confection de vêtements ou de linge de maison. 


 La filature « au sec » utilise des fibres plus courtes :

Cette technique permet de réaliser des fils de lin plus rustiques et plus épais pour la décoration, les cordes, des toiles épaisses….


 La filature selon la méthode Open-end utilise des fibres très courtes souvent en mélange avec d’autres fibres (coton, viscose) :

Cette technique permet de produire un fil plus rond et régulier.

Le tissage de ces fils donne un rendu plus proche du coton.

La dernière étape de la filature est le bobinage qui permet de conditionner le fil de lin selon les utilisations qui en seront faites. 

 

Autrefois, la filature du lin était réalisée à l’aide d’un fuseau puis d’un rouet (version mécanisée du fuseau). 

8ème étape - LE TISSAGE

Le tissage est un procédé qui consiste à entrecroiser les fils de chaîne (fils tendus dans le sens de la longueur) et les fils de trame (fils tendus dans le sens de la largeur) sur un métier à tisser.

 

Le tissage commence par l’ourdissage qui consiste à préparer les fils de chaine et à les enrouler sur l’ensouple selon la longueur et la largeur de la pièce de tissu souhaitée.

Ensuite, les fils de chaîne sont tendus sur le métier à tisser et entraînés par les lames (ou harnais)

  

qui montent ou s’abaissent pour former des nappes.

   

Le fil de trame est envoyé par un flux d’air ou de liquide entre les nappes d’un côté à l’autre du métier à tisser.

Le peigne oscille contre le tissu formé par l’entrecroisement des fils pour serrer les fils les uns contre les autres.

Enfin le tissu est enroulé au fur et à mesure du tissage sur la poitrinière (rouleau). 

Depuis des siècles, le processus du tissage est resté identique même si les évolutions technologiques ont fortement contribué à son automatisation. 

8ème étape (variante) - LE TRICOTAGE

L’évolution récente de la qualité des fils de lin, obtenue après plusieurs années d’investissements en R&D des filateurs européens, permet la production de fils extra fins, réguliers et lisses facilitant le tricotage. 

Le tricotage consiste à entrelacer des boucles de fils appelées mailles à l’aide d’aiguilles (à clapet ou à bec).

Les métiers à tricoter sont soit rectilignes, soit circulaires.

Le point de jersey est essentiellement utilisé pour le lin.

Le tissu obtenu est souple, extensible et ne se froisse pas, il est principalement destiné à la fabrication de t-shirts ou polos.

9ème étape- L’ENNOBLISSEMENT

L’ennoblissement est l’application d’un traitement visant à modifier l’aspect des fils ou des tissus de lin pour leur apporter confort, esthétique ou pour répondre à certains usages.

On peut retenir plusieurs catégories d’ennoblissements :

Blanchiment 
Teinture
Assouplissement 
Rigidification
Stabilisation pour éviter le rétrécissement au lavage
Impression
Ignifugation
Imperméabilisation

Voir mes créations en lin français.